vendredi, décembre 28, 2018

Au bout des doigts


2eme film pour Ludovic Bernard qui avait commencé sa carrière en étant assistant réalisateur de Matthieu Kasowitz sur le film la Haine.

Là aussi tout démarre en banlieue. Mathieu (Jules Benchetrit) est un petit braqueur. Il joue aussi du piano dans les gares. C'est là que Pierre (Lambert Wilson) le directeur du conservatoire de Paris le remarque. Il lui propose d'intégrer son établissement. Mathieu va être forcé d'accepter. Avec l'aide de la comtesse (Kristin Scott Thomas) ils vont préparer un prestigieux concours de piano.

Ce film est une belle histoire, une sorte de conte moderne. Le ressort étant cet antagonisme criant entre le monde de la musique classique et celui des banlieues populaires.

On peut largement discuter sur la vision idéaliste du réalisateur. Mais il a cette cohérence du début à la fin du film. Il reste dans cette sorte de conte de fées, au risque à de nombreuses reprises d'en faire trop.

Au final on a un film hyper sucré, hyper optimiste.

Mais si on reste dans le conte, c'est aussi une manière de dénoncer une inégalité des chances, selon l'endroit où on a grandit. Cet aspect étant troublé par ce vieux monsieur interprété par Michel Jonasz qui a enseigné la musique à Mathieu et qui lui a permis de changer de vie.

Un film qui à travers une très belle histoire, dénonce une certaine forme de reproduction sociale. Elle est notamment incarnée par Anna, future grande violoncelliste, dont les parents sont eux même des grands musiciens.

jeudi, décembre 27, 2018

L'empereur de paris


Après s'être attaqué à Mesrine, Jean Francois Richet nous offre un film sur Vidocq.

On est à Paris, au XIX eme siècle et la grande délinquance menace l'empire naissant. Vicocq (Vincent Cassel) après s'être échappé d'un bagne compte vivre incognito. Mais cela ne va pas durer. Pour gagner sa liberté il va devoir débarrasser Paris des bandes organisées et notamment celle de Maillard (Denis Lavant)

Le principe du film est assez intéressant. Devoir se salir les mains pour gagner sa liberté. Et dans ce sens le film est assez cru. Les combats succèdent aux exécutions sommaires et aux arrestations. Et pour celà Vidocq se révèle plus efficace que la police.

Au delà du grand spectacle, on a aussi un film plus politique avec le personnage de Fouché (Fabrice Lucchini) le ministre de la Police. Son objectif est de stabiliser le pouvoir de l'empereur. Pour cela il va devoir apaiser Paris. Il y aura une synthèse républicaine à faire avec notamment les anciens royalistes favorables à l'empire.

Ce côte du film est plus subtile que les nombreux combats qui jalonnent le film.

Enfin on a de personnage assez atypique de Vidocq. Bagnard, indicateur de la police avant de devenir un proche de Fouché. Il est solitaire et brutal. Mais il apparaît aussi assez sympathique car cette violence apparaît comme contrainte. Il va devoir tuer ou arrêter des gens pour survivre. Il va être adouci par ce personnage d'Annette (Freya Mavor) qui va être une des seules à pouvoir réellement l'apprivoiser. Et c'est cette double facette que Vincent Cassel arrive bien à faire transpirer.

Un film à grand spectacle avec beaucoup d'hémoglobine mais avec une dimension politique même si elle est discrète arrive à donner ce petit plus essentiel à ce film.

mercredi, décembre 26, 2018

Monsieur


part en Inde avec un premier film signé Rohena Gera qui lui a valu une sélection à la semaine de la critique.

Un film sur une société indienne très segmentée. Ratna (Tillotama Shome) est au service d'Ashwin(Vivek Gomber) l'héritier d'un grand groupe de construction. Ratna elle est veuve depuis ses 19 ans et Ashwin lui vient de voir son mariage annulé. Ashwin, rêve de retourner aux Etats Unis alors que Ratna veut devenir couturière après avoir payée les études de sa sœur. L'ouverture d'esprit d'Ashwin et l'ambition de Ratna va résorber le fossé entre les 2 personnages va se résorber.

Tous ces éléments font de ce film une sorte de remake de just a kiss de Ken Loach. Une histoire d'amour impossible. C'est aussi une sorte de radiographie d'une société indienne encore très traditionnelle mais qui évolue. Comme souvent c'est dans la dimension économique que cette évolution commence.

On voit un Bombay où les gratte ciels poussent comme des champignons. Mais les traditions sociétales sont encore tenaces. Et c'est cette ambivalence qui va rythmer le film. Il ne manque pas néanmoins d'optimisme malgré des inégalités encore criantes et révoltantes.

Le personnage d'Ashwin est très beau . Mais c'est un peu l'arbre qui cache la forêt. Sa modernité et son ouverture d'esprit ne semble due qu'à son séjour aux Etats Unis. Et le reste de la jeunesse indienne ne semble pas si ouverte. Au mieux elle comprend l'amour d'Ashwin pour Ratna. Mais il y a une sorte d'auto censure qui va faire que cette jeunesse n'est pas encore prête à aller contre les traditions. Et cette sorte d'auto censure qui montre que le chemin va plus d'égalité en Inde sera long.

mercredi, décembre 19, 2018

Wildlife


Un film de Paul Dano qui avait l'ouverture de la semaine de la critique et qui nous emmène dans l'Amérique profonde des années 1960

Jerry Brinson (Jake gyllenhall) est un professeur de golf. Il vient de perdre un peu injustement son emploi. Vexé il sombre dans une sorte de dépression au point d'abandonner sa famille pour aller combattre un feu qui menace sa ville. Sa femme Janette (Carey Mullingan) va d'abord donner des cours de natation pour faire rentrer de l'argent dans le foyer. Mais voyant son mari déprimer elle va passer d'une épouse modèle à une femme libre et indépendante. Au milieu de tout çà Joe (Ed Oxenbould) 14 ans l'enfant du couple va devoir s'adapter aux brusques changements de comportements de ses parents.

La première partie du film est une belle description d'un société patriarcale des années 1960. Le père travaille et ramène un salaire à la maison. La mère peut éventuellement prendre un mi temps mais se consacre à l'éducation des enfants et au foyer.

On a aussi un film de classe avec une bourgeoisie qui peut renvoyer n'importe quel employé sans raison. Et un homme d'affaire célibataire qui en utilisant sa richesse multiplie les aventures.

Et puis on a Joe, un peu tendre qui va devoir exister dans la désintégration du couple que formait ses parents. Il est de bonne volonté, travaille le soir et le week end pour gagner un peu d'argent. Il va apparaître assez candide, une candeur qui tranche avec l'amertume qui se dégage des personnages de ses parents.

Et c'est finalement ce côté là qu'on va retenir de ce film et c'est un peu dommage.

lundi, décembre 17, 2018

Pupille


Après Elle l'adore Jeanne Henry retrouve Sandrine Kiberlain dans un film à la fois très austère, très administratif mais aussi très humain sur l'adoption.

Alice (trop rare Elodie Bouchez) est une jeune femme qui n'a pas pu avoir d'enfant avec son mari. Après leur séparation Alice décide de poursuivre le processus d'agrément en vue d'une adoption.
Dans le même temps une jeune fille de 20 ans en déni de grossesse accouche dans un hôpital. On va alors suivre l'histoire du petit Théo et d'Alice qui vont mener chacun de leur côté un parcours du combattant avant d'être réunis.

Le film tourne beaucoup autour des services du conseil départemental qui s'occupent des pupilles. On a l’assistante sociale qui suit la mère. Un autre collège d'assistants sociaux va gérer l'adoption ainsi que la transition entre la maternité et l'adoption. Et c'est Jean (Gilles Lellouche) qui accueille Théo quelques semaines sous le contrôle de Karine (Sandrine Kiberlain).

Tous des personnages sont marqués par les histoires qu'ils gèrent. Jean est encore marqué par les ados qu'il a accueilli avant Théo, Karine se réfugie dans la consommation de bonbons et s'est séparé de son mari.

Le style du film peut paraître très administratif même assez aseptisé. Mais on comprend vite que les procédures sont là comme un rempart face à ces destins souvent tragiques. Comme le dit une assistante sociale dans le film, on ne cherche pas des parcours de vie sans accrocs, on cherche juste à s'assurer que les futurs parents ont réussis à trouver une solution à leurs problèmes.

Derrière une très instructive et très belle histoire d'adoption ce film est aussi un belle hommage à ces services administratifs, chargés de trouver une nouvelle famille à des enfants dont les parents ne peuvent plus s'occuper.

A noter une apparition de l'acteur lédonien Jean Francois Stevenin.

jeudi, décembre 13, 2018

Leto


Un film du réalisateur russe assigné à résidence dans son pays Kirill Serebrennikov.

Un film qui aurait pu être assez classique sur des groupes de rock, si on avait pas été à Leningrad dans les années 1980 dans un régime communiste.
Le rock en Union soviétique existe mais dans des clubs contrôlés par le parti communiste. Mike (Roman Bilyk) est le leader d'un de ces groupes. Avec sa femme Natasha (Irina Starshenbaum) ils vivent pour la musique surtout celle venue d'occident. Victor (Teo Yoo) est lui aussi passionné par cette musique. Mike est une sorte de mentor pour lui. Jusqu'au jour où l'attirance entre Natasha et Victor sera trop grande et perturbera l'harmonie entre ces jeunes gens.

C'est avant tout un film sur la jeunesse en Union soviétique. Comment être libre dans une société hyper contrôlée. Ces scènes sur les plages désertes de la mer baltique sont de véritables odes à la liberté. Elles contrastent avec ce quotidien où ils doivent négocier avec les autorités pour pouvoir jouer leurs textes.

Autre aspect important du film cette histoire d'amour impossible entre Victor et Natasha. Elle est attirée par Viktor, mais aime Mike et ne veut en aucun cas lui mentir ou le quitter.

Et puis ces quelques scènes dans le film où des standards du rock sont repris souvent dans le transports en commun par des anonymes. C'est une trouvaille géniale qui apporte des touches de folie.

Et enfin cette question d'un passage de témoin entre un artiste et son cadet. On passe de cette bienveillance dans ces premières scènes sur la plage à une certaine jalousie. Mike est peut être un peu plus blasé de ne pas pouvoir évoluer dans un environnement communiste assez austère.

Un très beau film donc sur une jeunesse qui tente d'exister dans un environnement communiste assez conservateur. Et un très beau cadeau de Noël puisque la bande originale du film est d'ors et déjà disponible.





mercredi, décembre 05, 2018

Les confins du monde


Un film qui faisait partie de la dernière sélection d'Edouard Waintrop, délégué général de la quinzaine des réalisateur, qui est peut être la sélection cannoise la plus intéressante.

On part en Indochine, en 1945, dans ce film de Guillaume Nicloux. Robert Tassen (Gaspard ulliel) est un jeune soldat qui a survécu un peu miraculeusement à un massacre. Il est recueilli un temps par une famille d'un village avant de retourner en ville. Là il ne vas pas souhaiter retourner en France. Il va rejoindre une autre unité combattante pour se venger, venger son frère. Pour cela il va utiliser d'anciens prisonniers qui vont combattre à ses côtés.

Le film est très cru. On commence avec une vision d'une fosse commune de laquelle va se relever Robert Tassen. Le plus insupportable sera la vision de ces corps d'occidentaux démembrés.

Au delà de la vengeance le film est relativement complexe. Robert Tassen va tomber amoureux d'une prostituée Mai, ce qui va donner lieu aussi à beaucoup de violence, car la relation semble impossible.

Il y a cette amitié avec Cavagna (Guillaume Gouix) soldat lui aussi que personne n'attend en France et qui va essayer de tempérer les ardeurs de vengeance de Robert Tassen.

Et puis ces échanges assez sporadiques avec un écrivain Saintonge qui lui aussi a survécu à un massacre.

Au final un film très dur sur la guerre d'Indochine avec un rythme assez saccadé et une image très saturée qui renforcent également le sentiment de malaise déjà bien présent avec les horreurs de la guerre que Guillaume Nicloux n'hésite pas à mette en avant.

Astérix le secret de la potion magique


Quelques jours avant les vacances de fin d'année et 4 ans après Asterix et le domaine des dieux, le duo Alexandre Astier et Louis Clichy signe un nouvel opus des aventures des gaulois réfractaires à l'invasion romaine.

Panoramix, le druide du village, alors qu'il ramassait des ingrédients pour la potion magique, s'est cassé le pied en tombant d'un arbre. Il prend alors conscience qu'il va falloir qu'il se trouve un successeur. Il va alors consulter ses collègues druides et se lancer dans un tour d'Europe pour trouver son successeur. Mais les romains et un druide maléfiques vont venir contrecarrer ses plans.


Commençons par ce qui fâche, l'image et l'animation un peu trop lisses ce qui fait que l'on est presque dans un film avec des personnages virtuels, c'est assez déconcertant.

Ne parlons pas également de la voix d'Astérix par Christian Clavier, ce qui nous donne l'impression d'être dans un n ieme épisode des visiteurs et de celle de ce jeune druide de l'est avec un accent alsacien très génant.


Il reste néanmoins des codes des épisodes d'Astérix que l'on retrouve avec plaisir. Le village assiégé par les romains, les chamailleries entre Astérix et Obelix, le complot de César et les pirates qui vont s'essayer à la navigation fluviale.

Et puis c'est nouveau ce druide noir, Sulfurix banni par ses pairs sera ce nouveau méchant qui va s'allier aux romains pour faire tomber le village gaulois.

Et puis autre aspect moderne dans ce film le personnage de Pectine, cette jeune fille qui va accompagner Astérix et Panoramix dans leurs aventures. Une petite fille ingénieuse, débrouillarde et pétrie de talent et d'inventivité. On ne peut qu'y voir une touche féministe plus que réfléchissante et bienvenue dans un univers où les moustaches et les barbes étaient jusque là plus qu'omniprésentes.



lundi, décembre 03, 2018

Mauvaises herbes


Un film de et avec l'humoriste Kheiron avec 2 monstres sacrés du cinéma français Catherine Deneuve et André Dussolier.

Un film basé sur un flashback, l'histoire de Wael (Kheiron) petit garçon dont les parents ont été tués pendant une guerre. Il a du se débrouiller dans les rues avant d'être recueilli dans un orphelinat.

On retrouve Wael, aujourd'hui qui avec Monique survivent grâce à de petites arnaques. Jusqu'au jour où ils vont être démasqués par Victor qui vont les convaincre à venir s'occuper avec lui d'enfants décrocheurs. Et petit à petit le courant va passer entre ces jeunes à Wael qui va réussir à trouver les mots et l'attitude pour communiquer avec ces jeunes problèmes assez différents.


Un film sur la banlieue et l'éducation on en avait vu un l'année dernière avec les grands esprits où Denis Podalydès jouait le rôle d'un enseignant d'Henri 4 qui est allé passer une année dans un collège de banlieue.

Ici on touche des difficultés très diverses, une surdouée qui a du mal à se socialisé, un orphelin, un garçon qui doit s'occuper de ses 3 frères et sœur car sa mère est malade, une fille qui a été violée et enfin un enfant moqué pour sa mauvaise pratique du français.

Et finalement l'expérience de Wael va servir à tous ces enfants aux destins tragiques. Bien sur la méthode de Wael est loin d'être conventionnelle. Ce n'est pas celle de l'école et plus généralement de la société française qui a plus tendance à sélectionner les élèves qu'à faire du cas par cas.

A noter la présence au casting de Catherine Deneuve et d'André Dussolier qui par leur aura viennent appuyer le message positif délivré dans le film.

dimanche, décembre 02, 2018

Sauver ou périr


Un film de Pierre Tellier qualifié peut être de manière un peu excessive par le site internet des inrockuptibles d'aussi navrant qu'un clip de recrutement.

A défaut d'être un clip de recrutement le film commence par une chronique de la vie d'un pompier parisien, Franck Pasquier (Pierre Niney). Son quotidien est rythmé par les interventions, Elles sont décrites de manières assez crues : un suicide dans le métro ou un accident de la route. Il est aussi fou amoureux de sa femme Cecile (Anais Demoustier) qui attend des jumelles. Et puis il prépare une certification qui lui permettra de commander une équipe sur des feux.

Et puis le grand jour arrive. Son premier commandement sur un feu. Cà sera aussi le jour d'un accident qui l'enverra près de 2 ans à l’hôpital. 
On peut qualifier ce film de film de super héros mais de super héros du quotidien.

Il y a d'abord les pompiers pour qui il est banal d'aller porter assistance à un accidenté de la route ou de ramasser les membres d'une personne s'étant suicidée dans le métro.

Il y a aussi les équipes soignantes qui vont aider Franck dans sa longue guérison suite à des brûlures.

Et puis il y a les familles de ces pompiers qui comme Cécile vont devoir prendre sur elles pour vivre en caserne, vont soutenir leurs conjoints suite à des interventions difficiles ou pire les aider dans un combat de longue haleine pour la survie.

Ce qui est frappant c'est l'abnégation dont font preuves tous ces personnages et qui transparaît dans le film. Cette abnégation se traduit particulièrement quand Franck qui va survivre à ses graves brûlures va être anéanti quand il va comprendre qu'il ne va plus pouvoir aider les autres.

Alors oui ce film est peut être un clip de recrutement, un film à César pour Pierre Niney. Mais il ne se cache pas d'être en partie documentaire car tiré d'une histoire vraie. Et puis toutes les imperfections du film sont finalement gommées par l'abnégation et le sens du devoir dont font preuves ces personnages, un peu comme dans un blockbuster où le côté épique va tout emporter.



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